C’est officiel : sauf surprise de dernière minute, Emmanuel Macron sera probablement le prochain président de la République française. Il deviendra ainsi le plus jeune président qu’ait jamais connu notre pays. Pour autant, son élection est loin d’être une success story, comme on pourrait le croire. Car quantité d’électeurs ont voté pour lui sans grande ferveur. J’en sais, car j’en fais partie. Dernièrement, je me suis rendu à Moscou pour un colloque à l’occasion duquel j’en ai débattu avec certains participants. Et je me suis rendu compte que je n’étais pas seul dans ce cas : beaucoup pensaient voter pour Macron. Et en plus, la plupart du temps pour les mêmes motifs ! Premièrement, pour faire obstacle à Fillon. Le sieur a largement prouvé quel homme il était vraiment durant ces trois derniers mois. Et il faut être clair, ce ne sont pas ces histoires de népotisme qui ont contribué à le disqualifier : c’est la personnalité même du bonhomme. Avec la terrible communication qu’il a eue en période de crise, il a révélé quel type il était réellement : un homme qui aurait été absolument épouvantable à l’Elysée. Cet homme est fini, sur le plan politique. Deuxièmement, il ne faut pas laisser de côté la question du vote utile : pas mal de gens souhaitaient bloquer l’extrême-droite. Pour dire non au fascisme, aussi bien déguisé qu’il soit par le ravalementde façade du FN. Il a donc fallu refouler d’office les candidats peu favorisés dans les sondages : la droite, détruite par un candidat irrécupérable ; et la gauche, scindée par une lutte dont elle va sentir les effets passer.
En vérité beaucoup d’électeurs, comme moi, se défient du programme résolument libéral d’EM. Le candidat est pour ceux qui auraient la mémoire courte le descendant de François Hollande, l’héritier des banquiers, et le responsable de la loi Travail. La seule chose qui me botte chez Macron, en fin de compte, c’est le fait qu’il soit europhile. A une période où cette idée est reniée par pas mal de monde, il était urgent que le nouveau président français défende la flamme européenne.
Soit dit en passant, ce colloque m’a fait passer un excellent moment. Voilà l’agence qui l’a planifié, si vous voulez voir le détail du programme. Retrouvez plus de renseignements sur l’organisateur de séminaire incentive en Russie.
Monthly Archives: janvier 2019
La politique vue de Russie
Big Bang au Brésil
Certains s’attendaient à ce qu’il prêche l’union et le rassemblement après une campagne électorale très âpre dans un pays très divisé, mais le chef de file de l’extrême droite a finalement tenu un discours musclé. « Le peuple a commencé à se libérer du socialisme », a-t-il assuré, en mettant en cause « les idéologies qui menacent de détruire nos valeurs ». Auparavant, dans un premier discours devant le Congrès, Jair Bolsonaro avait évoqué la « mission de restaurer et de rétablir notre patrie, en la libérant définitivement du joug de la corruption, de la criminalité, de l’irresponsabilité économique et de la soumission idéologique », notamment en matière d’éducation, en souhaitant « de bonnes écoles capables de préparer les élèves au marché du travail, et pas à devenir des militants politiques ». En matière économique, le président Bolsonaro a appelé le Congrès à appuyer ses « réformes structurantes » tout en promettant de suivre une politique de libre-échange et de rigueur budgétaire. « Nous devons créer un cercle vertueux en la matière afin de rétablir la confiance nécessaire en notre économie pour permettre d’ouvrir notre marché au commerce international », a-t-il souligné. De nombreux chantiers attendent le nouveau président Déjà propulsé au statut de « mythe » par ses admirateurs, il promet de changer la donne après des années de corruption et de piètre gouvernance. D’emblée, il a annoncé la couleur : il est pour un rapprochement avec Israël tout en épousant les théories de Donald Trump. Il a choisi Twitter pour annoncer la libération du port d’armes par décret. Il veut aussi remettre au pas le système éducatif contaminé, selon lui, par l’idéologie marxiste. Les chantiers sont nombreux : « Il faut commencer par traiter le problème de la corruption et de la violence. 60.000 morts par an… c’est inconcevable ! », s’exprime l’un de ses partisans venus de Rio pour assister à son investiture. Entre 250.000 et 500.000 personnes ont fait le déplacement à Brasilia pour la cérémonie qui s’est déroulée le 1er janvier et où un dispositif de sécurité impressionnant a été mis en place. Un système antimissiles, vingt avions de chasse mobilisés et l’espace aérien fermé dans un rayon de plusieurs kilomètres : Jair Bolsonaro ayant frôlé la mort lors d’un attentat à l’arme blanche en plein bain de foule durant la campagne électorale, les autorités n’ont rien laissé au hasard. L’atout Paulo Guedes Si la personnalité du nouveau président interpelle, la grande majorité des investisseurs voient d’un bon oeil son arrivée au pouvoir. Ils sont d’autant plus optimistes que le chef de l’Etat va doter Paulo Guedes, son ministre de l’Economie, de prérogatives élargies. Ultralibéral, cet ancien banquier promet de rompre avec les politiques sociales-démocrates en vogue, selon lui, depuis plus de vingt ans. « On sent que la confiance des investisseurs est en train de revenir. Après les élections [NDLR : et la défaite de la gauche en octobre], l’incertitude a commencé à se dissiper », estime José Carlos Faria, chef économiste de BNP Paribas pour l’Amérique latine. Les prévisions de croissance ont été revues à la hausse. L’Institut de la finance internationale (IIF) table ainsi sur une progression de 2,5 % du PIB en 2019. « Evidemment, la situation budgétaire demeure le talon d’Achille du Brésil, note Martin Castellano, chef économiste de l’IIF pour l’Amérique latine. La nouvelle équipe au pouvoir doit veiller à réduire ce déficit pour renforcer la confiance. » Réformes attendues L’option libérale en vue de l’ouverture de l’économie brésilienne, souvent citée comme l’une des plus fermées au monde, donnera au pays « la chance de s’intégrer davantage à l’économie mondiale », assure Fernando Honorato, chef économiste de la banque Bradesco. Malgré un a priori plus que positif envers le nouveau gouvernement, tout dépendra à l’avenir de la mise en place des réformes, notamment celle des retraites et des privatisations. « Si le programme d’austérité est mis en place, il y aura un impact positif sur la confiance. Le Brésil a tout pour repartir de l’avant et croître à un rythme de l’ordre de 3 % », note Margarida Gutierrez, professeur d’économie à l’Université de Rio. Amélioration des conditions de vie Pour l’instant, l’optimisme prévaut . José Carlos Faria estime que la réforme des retraites a 65 % de chances d’être adoptée par le Congrès. « Mais si elle ne l’est pas, cette embellie risque de ne pas durer », admet-il. De son côté, la population se montre résolument enthousiaste. A l’heure des voeux de fin d’année, il n’est pas rare que les Brésiliens ajoutent une petite phrase du style : « En espérant que notre nouveau président améliore les choses ! » De fait, deux tiers des personnes interrogées par l’Institut Datafolha à la fin de l’année s’attendent à une amélioration de leurs conditions de vie, alors qu’elles n’étaient que 38 % en août dernier.