Pour la Défense, et de manière générale pour nos sociétés modernes, l’Espace introduit des dépendances et donc des vulnérabilités. Ces vulnérabilités sont liées à la nature même de l’espace qui est un milieu hostile, soumis à des menaces naturelles (météorologie spatiale, températures extrêmes), d’origine humaine (multiplication des débris) autant qu’intentionnelles (militarisation/arsenalisation). Les engins spatiaux sont d’autant plus vulnérables que leur positionnement est prévisible (c’est l’objet de l’orbitographie). L’espace est par ailleurs un environnement de plus en plus complexe par la variété et le nombre croissant d’acteurs, par la banalisation des services toujours plus performants qui étaient autrefois réservés à un usage gouvernemental pour un nombre réduit de nations. Il faut donc garantir la liberté d’action dans l’espace et la résilience des fonctions assurées par les moyens spatiaux, tout en limitant le niveau de dépendance et donc de vulnérabilité. Le « tout Espace » serait une erreur. Il faut également être capable d’évaluer la menace pour alerter, agir et protéger nos capacités spatiales. La surveillance de l’espace devient donc un enjeu majeur. C’est une capacité qu’il est nécessaire de développer au niveau national comme au niveau européen pour faire face aux menaces et aux problématiques de gestion de l’espace dans les années à venir. En outre, il faut garantir la maîtrise de la prolifération des technologies et des données sensibles, qui est un élément essentiel de notre sécurité nationale. Enfin, la libre disposition des capacités spatiales requises pour le niveau d’autonomie recherché suppose un accès autonome à l’espace pour la France et l’Europe. Celui-ci implique la poursuite d’une politique européenne volontariste pour assurer la pérennité de la filière industrielle sur laquelle reposent les capacités de lancement. Dotée d’un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies, la France, puissance économique et militaire de premier plan, doit disposer d’un niveau suffisant d’autonomie et de souveraineté nationale. Cette capacité de l’État à se déterminer par sa propre volonté s’exprime à différents niveaux. Il s’agit d’abord de préserver une autonomie d’appréciation des situations, et donc une autonomie de décision. L’Espace y contribue à une échelle planétaire grâce aux moyens satellitaires d’observation, d’écoute électromagnétique et d’alerte avancée.
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