L’investissement social repose aussi sur la formation de tous tout au long de la vie et sur des politiques d’amélioration des conditions de travail et d’un vieillissement actif. Ainsi, les personnes peuvent mener des carrières les plus complètes possible, ce qui leur garantit des revenus plus élevés et plus de droits sociaux. D’un point de vue collectif, l’augmentation des taux d’emploi, du fait d’une participation accrue de tous au marché du travail, permet une augmentation des ressources fiscales et des cotisations sociales, gage de la soutenabilité des systèmes de protection sociale. En France, les taux de participation au marché du travail des personnes les moins qualifiées et des seniors sont relativement bas. En 2014, 50,7% des personnes âgées de 55 ans à 64 ans sont actives en France métropolitaine : 47,0% ont un emploi et 3,7% sont au chômage. Le taux d’activité de cette classe d’âge est inférieur de 5 points à celui de l’Union européenne en 2014 (contre 7 points en 2011 — Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques [Dares], janvier 2016). Le taux de chômage des non-diplômés est trois fois plus élevé que celui des personnes qui disposent d’un diplôme supérieur à bac + 2 en 2013 (16,8% contre 6%, Insee). Les mesures contraignantes (conditionnalité des allocations de chômage, report de l’âge de départ à la retraite) ou incitatives à la reprise d’emploi (prime d’activité) ne semblent pas suffire pour augmenter les taux de participation de ces catégories de personnes au marché du travail. Alors que les qualifications sont un élément clé de la participation au marché du travail et que chaque salarié sera amené à changer non seulement d’employeur mais aussi de secteur d’activité voire de métier, et dans un contexte de fortes mutations technologiques, il paraît essentiel de permettre et garantir à tous les capacités de maintien et de renouvellement de leurs compétences. Sur le front de la formation tout au long de la vie, la France présente des difficultés particulières et d’ordre général, dont la responsabilité est partagée entre les acteurs publics à l’échelle nationale et territoriale, les partenaires sociaux et les employeurs. Notamment, le pays se situe en dessous des moyennes de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) s’agissant du niveau de qualification des adultes (données du Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes — PIAAC). Un premier enjeu est celui de l’accès et du recours à la formation. Bien que les sommes consacrées à la formation professionnelle soient loin d’être négligeables (31,4 Mds d’euros en 2014, soit environ 1,5 point de PIB), celle-ci reste difficilement accessible pour les personnes au chômage, les moins qualifiées et les plus âgées. En outre, l’efficacité ainsi que le rendement des formations existantes sont souvent mis en cause. On évoque plus souvent le montant des moyens investis dans la formation que ses résultats. La mobilisation et le rendement, individuel et collectif, des formations posent de vraies questions en France car celles-ci se traduisent moins qu’ailleurs par une amélioration des conditions d’emploi. Enfin, il ne suffit probablement pas de former les personnes pour garantir à coup sûr l’allongement de leurs carrières. Il semble crucial d’investir dans les conditions de travail et, d’ une façon plus générale, dans la qualité des emplois pour atteindre un allongement des carrières.
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