Si les pays doivent certainement utiliser des stratégies individuelles, ils doivent également collaborer au niveau international. Si nous avons appris quelque chose de la révolution industrielle, c’est que l’action collective peut être un puissant antidote aux technologies transformationnelles qui augmentent les inégalités. Pourtant, la révolution de l’intelligence artificielle peut nécessiter une collaboration à une échelle beaucoup plus large pour éviter que des pays entiers perdent du pouvoir et risquent d’être laissés pour compte. Par exemple, les régimes fiscaux mondiaux ont récemment reçu une attention très nécessaire axée sur la suppression des échappatoires fiscales pour les sociétés multinationales.
La politique mondiale de la concurrence est un autre domaine propice à une réforme. Lorsque l’UE a commencé à enquêter sur Google en 2010, ou lorsque l’Allemagne a enquêté sur Facebook en 2016, les États-Unis ont considéré ces enquêtes comme un affront politique plutôt qu’un examen légitime des normes de concurrence économique. Si l’UE et l’Allemagne, deux acteurs politiques puissants, ont du mal à contrôler les géants du numérique, à quel point cela serait-il plus difficile pour les pays en développement à exercer un contrôle sur eux? Les pays doivent coordonner ensemble la politique de la concurrence, par exemple via une autorité commune, afin de garantir que les marchés mondiaux du gagnant l’emportent sur tous restent vraiment compétitifs.
Une autre avenue prometteuse consiste à mettre à jour la politique de propriété intellectuelle à l’ère de l’IA. Nous pourrions, par exemple, réduire la durée des brevets pour l’utilisation des technologies numériques afin de garantir que les gains des innovations basées sur l’IA soient largement partagés. Il y a de bonnes raisons d’accorder aux pays en développement l’accès aux technologies brevetées: la plupart des brevets sont produits dans des pays riches et génèrent l’essentiel de leurs revenus de ventes et de licences dans les pays riches, de sorte que les innovateurs ne subiraient pas de pertes importantes si les pays en développement pouvaient utiliser leur technologie pour gratuits ou avec des redevances limitées avant l’expiration de leurs brevets dans les pays à revenu élevé.
Dans le même ordre d’idées, la direction de l’innovation a été largement façonnée par ceux des pays avancés. Il a été «dirigé» de manière à ne pas a même bien servi la majorité de ceux de ces pays, sans parler de ceux des pays en développement et des marchés émergents. Les pays en développement et les marchés émergents pourraient coopérer pour orienter les innovations de manière à promouvoir leurs intérêts et, en particulier, les intérêts de leurs travailleurs non qualifiés. Compte tenu du potentiel de l’IA, la mesure dans laquelle cela peut être fait reste une question ouverte.
La politique des données et de l’information est peut-être le domaine le plus urgent pour la réglementation et, par conséquent, est passée au sommet de l’agenda politique. À l’heure actuelle, il existe un risque que les entreprises mondiales d’IA établissent le programme avant que les institutions démocratiques n’aient une chance de peser. Par exemple, le plus récent accord États-Unis-Canada-Mexique prévoyait des protections pour les géants de la technologie qui auraient pu être plus fortes qu’elles ne l’auraient naturellement émergé d’un débat démocratique plus ouvert. Ce que les pays en développement peuvent faire dans ces jeux de pouvoir peut être limité. Des données monopolisées peuvent signifier que les nouveaux arrivants dans les pays en développement ne peuvent pas rattraper leur retard pour créer leurs propres géants de l’IA. Un développement prometteur est venu de la proposition de l’UE d’exiger le partage de données pour éviter que les données ne soient monopolisées, même si les asymétries de pouvoir entre les géants de la technologie et les individus peuvent signifier que l’impact de cette situation sur les inégalités mondiales sera négligeable. Une autre externalité virulente, la désinformation, doit également être traitée en augmentant la responsabilité des entreprises Internet.
Il y a des raisons d’un optimisme prudent. Les règles mondiales sont toujours en cours d’établissement et doivent en tout cas être constamment réécrites, il y a donc l’espoir que les institutions internationales et la société civile puissent avoir un impact positif sur la forme de ces règles et ce qu’elles impliquent sur la manière dont les fruits des progrès futurs en L’IA sera partagée.
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